Galerie d'art
Article de Nancy Magasine sur les expositions de la Galerie
"Ce printemps, la galerie Raugraff nous a reservé deux belles expositions : la première sur la femme, vue et interprétée par une pluralité d'artistes et la deuxieme, mettant à l'honneur un duo d'artistes aux styles bien singuliers...
Une exposition au pluriel tout d'abord puisqu'ils sont treize... Treize peintes et sculpteurs, qui nous offrent leur vision de la féménité à travers les oeuvres. Ce sont les sculptures de Paul Beckrich qui nous accueillent à l'entrée de l'exposition. L'artiste crée des personnages féminins, ethniques, reflets d'une civilisation ou simplement fruits de son monde imaginaire. Ils se declinent en céramnique ou en bronze, et sont étonnants de précision et de finesse. Habillés de vêtements folkoriques ou médiévaux, colorés et chatoyants, ils séduisent par leur originalité et la perfection de leur réalisation.
Notre regard est ensuite immanquablement happé par les sculptures convoitées de la célèvre Josepha. Les femmes de Josepha, vivantes et poétiques, sont tendres, généreuses, ingénues, aux formes arrondies et aux couleurs éclatantes. Les dentelles, résilles, étoffes, accesoires accentuent la volupté et l'extrême féminité de chacun d'entre elles. Elles nous surveillent du coin de l'oeil, et,on le jugerait, esquissent un sourire, alors que nous poursuivons notre visite de l'exposition...
Les toiles suspendues aux murs sont pleins de couleurs, représentent des styles très variés. A commencer par celles d'Alain Bonnefoit, peinte de nus féminins qui séduisent par la beauté et la sensualité des corps, l'originalité et le dynamisme du trait, respectant la technique japonaise de calligraphie dite du Sumi-e. Ses formes souples dégagent sensualité et poésie tout en s'imposant comme des évidences de beauté sereine.
On ne s'attendait pas à retrouver Mitro à cette expo ! De ses oeuvres se dégage une émotion certaine, et les titres des toiles vont d'ailleurs en ce sens : "Le murmure de nos rêves", "Sa presence"... Les rouges et orangés vibrent, prennent vie... On apprécie cette facette du peintre, que l'on ne connaissait pas. Chez Doutreleau, les teintes sont somptueuses, et la luminosité qui baigne ses portraits dégage poésie et douceur. Comme à son habitude, l'artiste "peint juste".
Notre oeuvre coup de coeur est sans aucune hésitation l'huile de Claude Gaveau, sobrement intitulée "Feutre noir"... Ce feutre noir contraste avec le blanc pur de la peau nue, et les couleurs éclatantes de l'arrière plan. Alternativement esquissés ou précises, les lignes du corps représenté sont tout en suggestion et en retenue..."
On passe aux oeuvres de David Graux. Les visages ou les corps des femmes sont déssinés avec une précision qui les rend très réalistes et même palpables. Pour l'arrière-plan, en revanche, l'artiste joue avec des superpositions géométriques, des couleurs, des structures, et ce décor devient un superbre écrin de matières surprenantes pour les femmes représentées, telles que Frida Kahlo et Marylin Monroe.
On emprunte l'étroit couloir qui relie les deux salles d'exposition et dont les murs sont ornés d'oeuvres de Yoël Benharrouche. On apprécie toujours sa vision dynamique, poétique, fantasque et douche à la fois de la femme et de la vie...
Dans la deuxième salle, on caresse du regard les sculptures de Léonardo Lucchi, empreintes d'élégance et de légèreté, comme libérées de contraintes de l'apesanteur. Ses bronzes représentant des jeunes filles sont tout en grâce et de douceur, d'autres pleins de dynamisme et de vie.
On contemple ensuite les nus féminins de Camille Hilaire, tout en rondeux et mouvements, aux contours crayonnés, qui s'imposent avec naturel, volupté et simplicité à la fois. Puis les oeuvres délicates de Jean-Jacques Hauser : précises jusque dans les moindres détails, elles requièrent une contemplation attentive et nous montrent toute la beauté et la réalité des ujets déposés sur la toile, simplement, sans artifice. Enfin, les toiles, pleines d'humour, de fantaisie et de couleurs, de Sylvia Karle-Marquet qui utilise l'animal pour mettre en évidence les petits et grands défauts du genre humain.
Les oeuvres de Jean-Baptise Valadié trahissent indéniablement sa passion pour les voyages... Sa vision de la femme est magnifiée : elle est en presque divine ou venue d'un autre monde, ayant des préoccupations qui dépassent nos peines de joies bien terrestres. L'artiste joue avec les effets de structure et de flou, renforçant ainsi le côté mystérieux et insaisssable de "ses" femmes dont le regard est souvent pénétrant et insondable à la fois.
On prend congé de Mesdames, en faisant demi-tour via la passerelle suspendue de la Galerie... L'exposition "Femmes, femmes, femmes" s'y tiendra jusqu'au 20 avril. C'est à la fois un bel hommage à la femme, et l'occasion de revoir le travail d'artistes déjà exposés à la Galerie auparavant, ou de découvrir de nouveaux talents...
On passe ensuite à l'exposition intitulée "Un duo singulier" qui se tiendra à la Galerie Raugraff, du 26 avril au 1er juin, le vernissage ayant lieu le samedi 27 avril de 15h à 19h, en présence des deux artistes dudit duo.
Singulier, en effet, est un terme qui sied à l'univers de deux artistes encore jamais exposés à la Galerie Raugraff...
On découvre tout d'abord le monde étonnant de Pascal Marcel... Né en 1964, cet autodidacte expose depuis 1980. Après avoir pratiqué le dessin académique et fait une incursion dans l'abstrait, Pascal Marcel se tourne vers la peinture à l'huile. D'un séjour de cinq ans au Méxique, il rapportera le charme et la plénitude des couleurs de l'Amérique Latine.
Il aime représenter des personnages, seuls, en duo ou en groupe. Ceux-ci sont souvent campés sur de longues jambes minces, les pieds chaussés de couleurs différentes, vêtus d'une tunique trapézoïdale épurée aux couleurs éclatantes, la tête penchée. Dans leurs visages ronds, aux cheveux courts, aux oreilles rondes décolées, leurs grands yeux contemplent ce qui les entoure, à moins que leur regard ne plonge dans le vôtre et vous renvoie vos questionnements : à quoi pensent-ils, quelle est leur vie, où vont-ils, quels sont leurs rêves ? Ces personnages, en premier plan face à nous, sont attendrissants et pleins de poésie. De charme aussi, grâce à ces splendides couleurs qui sont mises en valeur par un fond sombre et souvent uni. On cherche une piste en lisant les titres des oeuvres, car on se sent vraiment l'envie de leur trouver une histoire... Ces peintures sensibles, tendres, saugrenues ou pleines d'allégresse, fondamentalement humanistes, vont nous accompagner bien au-delà de notre visite...
Mention spéciale pour cette toile représentant deux personnages, tunique rouge et tunique verte, symétrique par rapport à un délicat arbre rose qui peut se prêter à tant d'interpretations...